Les « crimes de guerre » en Ukraine
Il n’existe pas de guerre «
propre», ni de conflit sans victimes civiles. Mais depuis le lancement de l’invasion du 24 février, l’armée russe s’est rendue coupable en Ukraine d’exactions répétées pouvant être qualifiées de «
crimes de guerre» et de «
crimes contre l’Humanité».
Les principales villes du pays sont la cible de bombardements massifs, qui sont loin de ne viser que des installations militaires. Des tortures ont été documentées, tout comme des exécutions sommaires, menées dans toutes les zones sous occupation des soldats du Kremlin. Plus de 400 personnes ont par exemple été froidement abattues dans
la petite ville de Bucha, dans la banlieue ouest de Kyiv, en quelques jours de mars 2022. Selon le gouvernement ukrainien, 34 000 crimes auraient été répertoriés et doivent faire l’objet d’investigations.
Assiégée par les troupes russes dès le début du mois de mars, une bonne partie de la ville de Marioupol a aussi été entièrement rasée, sans considération pour ceux qui n’avaient pu fuir l’agglomération, et il semble difficile de penser que le bombardement du théâtre de la ville, le 16 mars 2022, ait pu être une erreur. Selon
des images satellitaires prises quelques heures avant le drame, l’inscription «
enfants» avait été dessinée sur le sol pour prévenir une éventuelle frappe aérienne.
La campagne lancée à l’automne 2022 contre les installations électriques ukrainiennes, qui vise à priver de courant l’ensemble du pays à l’approche de l’hiver, est venue confirmer que Moscou était prêt à sacrifier ces mêmes populations que le Président russe prétendait libérer. Le 2 mars dernier
une enquête avait été ouverte par la cour pénale internationale.
Dans les médias russes la «désatanisation» de l'Ukraine
Durant de longs mois, l’invasion de l’Ukraine ne fut considérée par les médias sous le contrôle du Kremlin que comme une «
opération spéciale», selon la terminologie de Vladimir Poutine, cette dernière visant à «
dénazifier» le pouvoir en place à Kyiv, accusé de mener «
un génocide» contre les russophones du pays.
Alors que les défaites militaires sur le terrain s’accumulaient à la fin de l’été 2022, certains analystes commencèrent à chuchoter le mot «
guerre», mais pour expliquer que si la Russie était en difficulté, c’était en raison de l’implication massive dans le conflit des pays de l’Otan, et des «
milliers de mercenaires occidentaux» se battant au côté des soldats ukrainiens.
Les analystes qui interviennent quotidiennement sur les principales chaînes du pays hésitent à pointer directement les responsables des revers russes, mais des blogueurs militaires actifs sur la messagerie Telegram fustigent désormais le commandement militaire et le ministre de la Défense
Sergueï Choïgou.
La figure de Vladimir Poutine semble pour l’heure intouchable, même si quelques voix hétérodoxes ont été préventivement envoyées sur le front, comme
Igor Guirkine «Strelkov», agent du FSB et ancien chef des séparatistes pro-russes de la ville de Sloviansk, qui a officiellement rejoint une unité de volontaires en octobre dernier.
Alors que la propagande du Kremlin adopte un ton de plus en plus messianique, les médias russes n’hésitent plus à évoquer la «
désatanisation» de l’Ukraine, au prix si cela s’avérait nécessaire de «
frappes nucléaires».